Lettre ouverte aux parlementaires

Oct 30, 2025

Paris, le 30 octobre 2025

“On sacrifie les jeunes, on détruit notre système”

Ce qui se joue aujourd’hui au travers du rapport parlementaire sur le secteur 2 et du Projet Loi de Financement de la Sécurité Sociale n’est pas une simple réforme technique. C’est une fracture morale. C’est l’histoire d’un pays qui prétend défendre son modèle social (au travers de tableaux Excel) tout en détruisant ses fondations : la confiance entre générations, la promesse d’équité, la dignité du soin.

Il y a 30 ans, les étudiants voulant devenir médecins ont déjà été sacrifiés une première fois au nom de la sacro-sainte réduction du numérus clausus en première année. On en a vu les conséquences : des wagons de médecins partant en retraite sans être remplacés, des milliers de patientèles se retrouvant du jour au lendemain sans médecin spécialiste référent ou sans médecin traitant, et une pénurie médicale généralisée dans tous les territoires !

On nous parle d’équilibre budgétaire, de rationalisation, de maîtrise des dépenses. En réalité, on organise une double injustice : une nouvelle injustice envers les jeunes, et une iniquité pour le futur.

Les jeunes professionnels — médecins, soignants, praticiens en devenir — découvrent un système qui ne leur fait plus confiance, qui les soupçonne avant de les soutenir, qui leur ferme les portes au moment où ils devraient les franchir.

On leur parle de vocation, mais on les enchaîne.
On leur parle d’engagement, mais on les décourage.
On leur parle d’avenir, mais on leur retire la possibilité de le construire.

Les dispositions envisagées, notamment sur l’encadrement du secteur 2 et demain la régulation de l’installation, ne sont pas seulement économiquement absurdes. Elles sont potentiellement anticonstitutionnelles, car elles remettent en cause la liberté d’exercice et l’égalité devant les charges publiques.

En prétendant corriger des déséquilibres, on crée une médecine à deux vitesses : celle des anciens, protégés, et celle des jeunes, contraints. Cette logique est mortifère. Elle détruit des vocations avant même qu’elles ne naissent. Mais comment croire encore à un avenir quand tout est pensé pour hier Pire encore : on oppose les générations.

On fait des “vieux” les coupables supposés, des “jeunes” les supplétifs résignés, et l’État devient l’ordonnateur d’une fracture qu’il devrait réparer. Et pendant que la France s’enferme dans ce débat stérile, d’autres avancent.

Les entreprises d’intelligence artificielle, les géants du numérique, ne nous attendront pas.
Eux, ils construisent déjà le futur de la Sécurité sociale et du soin — un futur sans nous, sans nos valeurs, sans notre modèle.

Nous ne défendons pas un statut, nous défendons un sens.
Nous ne réclamons pas des privilèges, nous exigeons de la justice.

La Sécurité sociale n’appartient pas à une génération : elle appartient à la promesse de toutes les générations.

Aujourd’hui, en prétendant corriger des dérives, on commet une faute historique : celle de détruire l’avenir de nos jeunes, et donc celui de notre système lui-même.

Je refuse de regarder ailleurs.
Je refuse qu’on fasse payer aux jeunes la facture de notre impuissance collective.
Je refuse qu’on transforme la vocation de soigner en résignation économique.

Nous ne renoncerons pas. Ensemble, avec les jeunes, nous avancerons pour défendre ce pacte social né en 1945 — encore faut-il que nous ayons, en face, des interlocuteurs capables de nous écouter et qu’ils ne se trompent pas de cible…

Patrick Gasser
Président Avenir Spe


Contact presse : Ritchcard Bervin – contact@avenir-spe.org – T :   07 55 59 19 58

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