La gériatrie est une jeune spécialité : le DES (diplôme d’études supérieures) date de 2017. L’exercice libéral de la gériatrie demeure très minoritaire en France. Le nombre de gériatres (spécialistes inscrits à l’Ordre National des Médecins) en activité libérale est très faible. En 2022, les Gériatres étaient 2418 en France, dont 3 % travaillaient en libéral. La densité moyenne nationale était de 3,6 médecins gériatres pour 100 000 adultes de 75 ans et plus.
Source :http://www.data.drees.sante.gouv.fr http://www.conseil-national.medecin.fr
L’essor de la gériatrie, en tant que spécialité libérale, passe par la reconnaissance de son exercice. L’expertise gériatrique est spécifique et se définit par une prise en charge globale médico- psycho-sociale de situations complexes, voire très complexes et chronophages. Les malades âgés sont souvent accompagnés de leurs aidants et le temps de consultation en est allongé, pour prendre en compte non seulement des problématiques des patients eux-mêmes mais également celles de leur entourage, qui est souvent épuisé.
Le gériatre agit en 3 temps :
- Mise en évidence des problèmes, parfois non identifiés, qualification de la situation et évaluation de sa gravité.
- Diagnostics pertinents
- Orientation du patient vers une une prise en charge adaptée et hiérarchisée.
En outre, le gériatre joue un rôle de coordinateur :
- Réalisation d’une synthèse accessible dans le DMP et prise de contact avec le médecin traitant.
- Education aux bonnes pratiques gériatriques, proposer un schéma de coordination clinique de proximité avec les professionnels de santé nécessaires à cette prise en charge (auxiliaires de vie, infirmiers, kinésithérapeutes, orthophonistes, ergothérapeutes, psychologues, psychomotriciens…).
- Synthèse de la situation avec un projet de traitement, de suivi des recommandations, tout en informant et soutenant les aidants.
L’expertise médicale gériatrique comporte globalement 3 activités adaptées au contexte : la consultation en cabinet, la visite à domicile, la visite en Ehpad. Chaque activité possède ses particularités et correspond à une situation plus ou moins complexe. Néanmoins, dans tous les cas :
- La première consultation requiert au minimum une heure,
- L’évaluation d’une situation complexe nécessite parfois plusieurs consultations,
- Des visites à domicile ou en EHPAD, lorsqu’elles sont justifiées, permettent d’évaluer la situation du patient lorsqu’il ne peut se déplacer, mais nécessitent beaucoup de temps.
Tous les patients nécessitent un temps de coordination
La pérennité économique des gériatres libéraux doit être assurée : la valorisation financière de leur activité est actuellement insuffisante voire inexistante rendant l’exercice non viable car il n’existe pas de nomenclature spécifique aux gériatres.
Pour que cette activité libérale puisse exister il est nécessaire de :
- Autoriser l’accès direct à la consultation de gériatrie
- Etablir une nomenclature spécifique des différents types de consultation de gériatrie, notamment à domicile
- Autoriser le cumul d’une consultation de gériatrie (suivi clinique) et de l’évaluation thymique ou cognitive
- Autoriser une évaluation thymique ou cognitive tous les 6 mois et non plus annuelle
- S’aligner sur les cotations des neurologues et des psychiatres pour les consultations d’évaluations cognitives et thymiques, pour les suivis des patients atteints de maladies neurodégénératives ou présentant des troubles du comportement
- Autoriser la majoration de la consultation de gériatrie en cas de présence d’un aidant familial
- Autoriser la possibilité de faire une visite cotée VL avec indemnités de déplacement sans être médecin traitant référent
Cet état des lieux de la gériatrie libérale et les mesures nécessaires pour que cette activité soit viable ont été relayés par le Syndicat Avenir Spé lors des négociations.
Dr Catherine TOBIE