Depuis 2007, les opticiens-lunetiers sont autorisés à renouveler et adapter les verres correcteurs à partir d’une ordonnance médicale encore valide sauf en cas d’opposition du médecin. En 2019, le Syndicat National des Ophtalmologues de France (SNOF) avait mené une enquête afin d’analyser les résultats de la mise en œuvre de cette mesure. En juillet dernier, le SNOF a publié dans un communiqué de presse le résultat d’une enquête miroir réalisée auprès des ophtalmologues et des patients. Plusieurs points ont alors été mis en lumière.
Entre 2019 et 2022, la proportion des ophtalmologues acceptant le renouvellement des équipements optiques chez l’opticien est passée de 81% à 41%. Aujourd’hui, selon les résultats de l’étude, 25% des ophtalmologues souhaitent une diminution du volume de renouvellement contre 14 % en 2019.
En ce qui concerne les patients, 4 patients sur 5 déclarent préférer consulter régulièrement leur ophtalmologiste plutôt que de se rendre directement chez un opticien pour renouveler leurs lunettes, alors même que la population est de mieux en mieux informée à ce sujet, en particulier dans les zones où les délais de rendez-vous sont les plus longs.
Dans les faits, 1 patient sur 10 affirme que ses lunettes actuelles ont été renouvelées directement chez l’opticien. Parmi eux, près de la moitié des renouvellements se ferait avec adaptation et un quart sans tester la vue.
Du côté des opticiens, le taux de retour envers les ophtalmologues paraît très faible : près de 4 ophtalmologistes sur 5 ont déclaré avoir reçu moins de 11 messages d’un opticien dans les trois derniers mois pour les informer d’une adaptation optique. Ce manque d’échange renforce un sentiment de défiance envers les opticiens, la majorité des médecins estimant qu’ils ne sont pas suffisamment formés pour effectuer des renouvellements, de même pour les orthoptistes. Toutefois, les ophtalmologues estiment que cette mesure permet de fluidifier et d’augmenter la délivrance initiale et le renouvellement, à condition qu’elle soit suffisamment encadrée.
Cette délégation de tâches permettant à une profession paramédicale d’intervenir sur une ordonnance et de la modifier ne doit pas entraver un suivi médical régulier indispensable au dépistage et à la prise en charge d’éventuelles pathologies oculaires pouvant subvenir. Conjointement, une diminution des délais de rendez-vous favoriserait ce suivi. Cela est notamment possible grâce à une meilleure répartition des médecins sur le territoire français.