Les assises de la Pédiatrie et de la santé de l’enfant apporteront-elles les réponses tant attendues ?

Par le Docteur Hélène Le Hors, Chirurgien Pédiatre,
Secrétaire Générale du Conseil National Professionnel de la Chirurgie de l’Enfant et de l’Adolescent (CNCEA)
Trésorier, Past Président du Syndicat des Chirurgiens Pédiatres Français (SCPF)
Membre du bureau d’ Avenir Spé

 

La santé de l’Enfant : les signaux d’alarmes sont au rouge mais rien ne se passe … Les assises de la Pédiatrie  et de la santé de l’enfant apporteront-elles les réponses tant attendues ?

« Quand on veut enterrer un problème, on crée une commission » G Clémenceau

En décembre 2022 dans un contexte de crise de service d’urgences pédiatriques saturées avec un manque de lits et un épuisement des équipes avec de nombreuses démissions », le ministre de la santé de l’époque, F. Braun, lançait en fanfare les Assises de la Pédiatrie et de la Santé de l’Enfant ». 300 professionnels de santé de l’enfant ont travaillé sans compter avec le Comité de Coordination pour établir en un temps record, un rapport de propositions rendu avant l’été 2023 comme demandé par ministre. L’espoir de voir les choses bouger les animait…

Mai 2024, près d’un an après, et sans doute à la suite d’une mise en lumière lors d’une audition par la Mission Périnatalité du Sénat (merci mesdames les sénatrices !), les conclusions de ces assisses sont annoncées pour le 23 Mai prochain.

Ouf ! Tous pensaient le rapport sous une pile au Ministère …voir même le Ministre délégué à la santé assis dessus.

Depuis des années les rapports sur la Santé de l’Enfant en France se succèdent …
– Rapport IGAS « Pédiatrie et organisation des soins de Santé de l’enfant » Mai 2021
–  Rapport Cour des Comptes « La santé de l’enfant » Février 2022.

Les rapports se succèdent, alertent … mais restent lettres mortes.

Le constat est toujours le même et va en s’aggravant : depuis 2015, en France, la mortalité infantile et notamment périnatale est supérieure à la moyenne européenne.

On parle de déserts médicaux, plus liés à une pénurie médicale qu’à une réelle désertification, mais la crise systémique de l’offre de soins aux enfants est plus profonde encore.

Alors que les enfants représentent 20% de la population, les professionnels de santé de l’enfant sont de plus en plus rares : pour exemple, les pédiatres sont 8000, les chirurgiens pédiatres (incluant les différentes surspécialités que sont l’orthopédie, le viscéral, l’urologie, la plastie …) sont 400. La formation des infirmières ne comporte plus de pédiatrie. Les manques en pédopsychiatrie sont criant ainsi que ceux des structures d’accueil. Les difficultés des structures de prévention que sont les Centres de Protection Maternelle et Infantile et la médecine scolaire sont alarmantes. Les rémunérations des consultations, des séjours, des actes sont notoirement insuffisantes et non attractives.

Les médecins « spécialisés en médecine générale » réalisent 85% des consultations pédiatriques et sont placés en premier recours mais leur formation est, pour beaucoup, rudimentaire et est passée en novembre 2023 à 3 mois d’internat… Comment imaginer faire reposer une organisation des soins dont le premier niveau n’a pas une formation suffisante pour assumer sa fonction ? C’est la pertinence des soins qui en pâtit.

En mars dernier , l’audition, par la Mission Périnatalité du Sénat, des co-Présidents du Comité de Coordination des Assises a remis en lumière cet énième rapport en instance d’être oublié et enterré. Les constats dans cette audience sont affligeants, les propositions concrètes : qu’attend on ?

Est-il permis d’espérer une réelle prise en compte des difficultés rencontrées pour la santé des enfants ? Les professionnels restent pessimistes : tout le monde est évidemment très sensible au sujet pourtant personne ne fait rien et la situation empire…

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