Il n’est pas question de céder à la panique !
C’est une déclaration du porte-parole d’Enedis – le principal gestionnaire du réseau public de distribution d’électricité en France – à l’antenne de BFM-TV lundi 5 décembre qui a mis le feu aux poudres. En déclarant que les personnes à haut risque vital seront « non-prioritaires » en cas de coupures de courant et « délestables » et que « les patients sous respirateurs artificiels ne seront pas automatiquement exemptés », ce responsable a cristallisé l’angoisse de milliers de personnes insuffisantes respiratoires dont l’appareillage respiratoire fonctionne grâce à l’électricité.
En tant que médecin pneumologue et président de Santé respiratoire France, je tiens à rassurer de manière totalement franche et affirmative les patients insuffisants respiratoires à leur domicile : les coupures de courant, si jamais elles ont effectivement lieu, et telles qu’elles sont annoncées par le gouvernement (créneaux de délestage de deux heures au maximum ; zones concernées averties 24h voire 48h avant la coupure), n’ont pas de quoi faire paniquer les malades, quels qu’ils soient. Tout est déjà organisé depuis de nombreuses années pour pallier de tels épisodes de coupures électriques.
Je tiens à tranquilliser les personnes qui sont appareillées avec de l’oxygène, celles qui se trouvent sous assistance ventilatoire, y compris lorsqu’une alimentation électrique est nécessaire.
- Concernant l’oxygénothérapie, à partir du moment où le patient possède un concentrateur (ou extracteur) d’oxygène, une obligation légale déjà imposée au prestataire implique qu’il fournisse au patient un obus d’oxygène gazeux en réserve au domicile, justement pour pallier les coupures de courant (obligatoire si la durée d’oxygène est supérieure à 20 heures sur 24). Aujourd’hui, on compte en France 130 000 personnes sous oxygène longue durée (> 3mois) à domicile. Les professionnels de santé et les prestataires de service à domicile qui assurent la délivrance et l’entretien du matériel (oxygène, appareils de ventilation…) sont organisés depuis de nombreuses années pour parer à toute éventualité et sécuriser la prise en soins des patients à domicile.
- De plus, la plupart des patients sous oxygénothérapie, même en cas d’oxygène longue durée, ne l’utilisent que 15h à 18h par jour. Il leur sera donc possible d’adapter leurs horaires de traitement si jamais une coupure de courant leur était signalée en amont. Par ailleurs, les patients les plus sévères sont en général placés sous oxygène liquide et par conséquent ne sont pas reliés au courant électrique.
- Concernant les personnes mises sous ventilation non invasive du fait d’une insuffisance respiratoire sévère, obstructive, restrictive… leur traitement est délivré la plupart du temps de manière séquentielle, rarement en continu. Par conséquent, pas de panique, il suffira d’adapter les horaires aux éventuelles coupures programmées.
- Pour les patients lourdement handicapés et qui nécessitent une ventilation non invasive de manière importante et continue voire sur trachéotomie, il existe des batteries adaptées, capables de durer deux heures, au minimum.
- D’autres dispositifs respiratoires requièrent de l’électricité. Il s’agit en particulier des personnes appareillées avec une machine de pression positive continue (PPC) pour un syndrome des apnées du sommeil. Outre le fait que celle-ci est utilisée la nuit et qu’aucune coupure nocturne n’est prévue, si un éventuel délestage empêche l’utilisation de l’appareil pendant une durée de deux heures, cela ne compromet ni la vie ni la sécurité du patient ni le pronostic de sa maladie.
- Quant aux patients asthmatiques, ils pourront adapter les horaires de prise de leurs médicaments au moyen de leur nébuliseur (ou appareil d’aérosolthérapie / inhalothérapie) hors créneaux de délestages, sans que cela n’impacte leur maladie et/ou leurs symptômes.
Si la durée des coupures électriques devaient dépasser plusieurs heures, en effet, un certain nombre de patients pourraient justifier d’être déplacés dans une zone non délestée. Ce n’est absolument pas envisagé à l’heure actuelle.
Pour mémoire, lors de la tempête Xynthia en 2010, des coupures de courant ont duré plusieurs jours dans certains secteurs géographiques. Or, les professionnels de santé n’ont pas constaté sur ces territoires de dysfonctionnement dans la prise en soins des patients respiratoires fragiles.
Soyez rassurés. Nous vous tiendrons au courant d’éventuelles précisions concernant ces potentielles coupures électriques.
Merci pour votre attention
Dr Frédéric le Guillou, président de Santé respiratoire France
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En cas de coupure d’électricité, « une attention particulière » sera portée aux personnes à haut risque vital, a défendu de son côté porte-parole d’Enedis sur BFMTV. « Deux jours avant d’éventuelles coupures d’électricité, ces dernières seront contactées par Enedis. On va les appeler, leur envoyer un SMS, un mail, pour voir si elles ont pris des précautions », a expliqué le porte-parole de la société. Ces personnes seront ensuite « aidées » par Enedis et acheminées « dans un endroit qui ne sera pas délesté pour que la plus grande garantie leur soit apportée ».
Pour les personnes qui ne sont pas à « haut risque vital » mais qui sont tout de même vulnérables, le gouvernement demande aux préfets de « rappeler aux communes la nécessité de procéder à l’inscription des personnes vulnérables sur leurs registres de personnes fragiles ». Ces registres recensent notamment les personnes âgées de 65 ans et plus résidant à leur domicile ou les personnes en situation de handicap et servent à leur prodiguer une aide en cas de situation à risque. Enfin, si les patients sous respirateur artificiel, sont « non-prioritaires » et « éventuellement délestables », ces derniers ne seront pas pour autant laissés pour compte, assure le porte-parole d’Enedis. Les patients concernés sont appelés à se signaler auprès des ARS (Agences régionales de santé), lesquelles peuvent ensuite les désigner à Enedis. |