Le reste à charge zéro : une fausse bonne idée

Réduire le reste à charge devrait conduire, non seulement à des soins gratuits pour tous les patients, mais aussi à réduire les dépenses induites par la maladie : transport et manque à gagner.

Jusqu’à présent les tutelles ont été obnubilées par les compléments d’honoraires des médecins, sans avoir à l’esprit deux aspects majeurs :

  • L’incapacité de l’Etat et de la Sécu à rémunérer les soins à leur juste valeur, intégrant le coût de la pratique et l’expertise nécessaire. On arrive au paradoxe d’avoir des soins paramédicaux parfois mieux remboursés que les soins dispensés par un médecin.
  • Cette politique de blocage de la valeur et de refus de libéraliser les compléments d’honoraires qui pourraient être pris en charge par les assurances complémentaires devenues quasiment généralisées, a de multiples effets pervers :
    • La fragmentation des prises en charges, qui multiplient les délais, sature les agendas, induit des surcoûts de programmation, accueil, prise en charge, allonge d’autant les périodes de manque à gagner et les déplacements pour les patients, occasionne des pertes de chance pour des affections évolutives, etc.
    • Les médecins sont de plus en plus découragés, tant les vieux qui peuvent à tout moment partir en retraite, que les jeunes qui commencent à choisir des niches d’activité plus lucratives, s’organisent pour privilégier leur vie personnelle par rapport à l’investissement personnel, voire commencent à partir à l’étranger (Suisse, Allemagne, Belgique, Canada…)

Une vraie politique de réduction des inégalités d’accès aux soins médicaux doit passer par :

  • Un effort significatif de revalorisation de l’activité médicale, clinique et technique,
  • Une simplification des règles tarifaires
  • Un élargissement et une harmonisation des critères de l’OPTAM, par exemple un taux de « dépassement » de 50 % partout et un taux d’opposabilité de 10 % partout. En parallèle, il faut revoir les contrats « responsables » pour pousser les mutuelles à financer plus significativement les soins médicaux plutôt que les soins de confort.

Si ceci n’est pas fait, il y a fort à parier que la pénurie et la désertification s’accentueront rapidement et que l’OPTAM sera délaissé par un nombre croissant de médecins, au profit d’un Secteur 2 pur et dur. Nous aurons alors une vraie médecine à deux vitesses !

Georges de KORVIN

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